JOURNEE AVEYRON 2013
Jeudi 20 juin 2013
Robert Wald et Yves Godard
Photos : Gloria Huet-Garcia
Les templiers
Juste avant le départ, un ultime coup de téléphone nous avertit qu’en raison des conditions météo, la balade en vélo-rail est annulée. C’est donc le plan B qui doit être mis en œuvre : la balade sera remplacée par la visite du très beau village de La Cavalerie et la journée se déroulera donc sur le thème des templiers et des hospitaliers.
Dans le car, Yves rappelle que la création de l’ordre du Temple fut directement liée aux croisades. Il évoque les raisons qui ont conduit à cette folle aventure de la guerre sainte, le concile de Clermont de 1095 voulu par Urbain II, la prise de Jérusalem, la création des états latins du Levant en 1099, l’incroyable engouement pour les pèlerinages en Terre Sainte, l’insécurité des routes et la création d’un ordre religieux et militaire en 1129 : l’ordre du Temple ayant pour vocation de protéger les pèlerins puis de défendre les territoires conquis.
Il rappelle que le terme de templier vient de ce qu’en raison de la vaillance de ces moines-soldats, le roi de Jérusalem, Beaudoin, leur avait donné des locaux dans son propre palais construit à l’emplacement du temple de Salomon.
Après la conquête, nombre de seigneurs étaient rentrés dans leurs pays, or la pression des troupes musulmanes était toujours très forte, il y avait donc une impérieuse nécessité à recruter des militaires et à collecter des fonds pour l’entretien de cette armée. C’est pour répondre à ces deux besoins que des Commanderies templières furent crées dans toute l’Europe et particulièrement en France. Ces Commanderies s’installèrent sur des domaines acquis par donations. L’ordre du Temple jouissait alors d’un tel prestige que les dons affluèrent faisant de l’ordre une puissance financière considérable.
Après la perte définitive de la Terre sainte consécutive au siège de Saint-Jean-d'Acre de 1291, l'ordre fut victime de la lutte entre la papauté et le roi de France, Philippe le Bel. Le vendredi 13 octobre 1307 tous les templiers de France furent arrêtés et traduits en justice. L’ordre fut dissous par le pape Clément V en 1312 à la suite d'un procès en hérésie. La fin tragique de l'ordre mena à nombre de spéculations et de légendes sur son compte. Les biens des templiers furent donnés aux hospitaliers, un autre ordre créés pendant les Croisades.
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Ce devait être une journée ensoleillée...
Elle devait commencer par une activité de vélo-rail !
La pluie en a décidé autrement.
Seule les images ci-dessous disent ce que nous avons manqué !!
Pas de vélo rail mais une interessante viste à la Cavalerie.
La Cavalerie
A 10 h nous étions reçus à l’Office du Tourisme de La Cavalerie dans lequel une exposition permanente remarquable raconte l’histoire de l’ordre du temple et son implantation sur le Larzac. Le village, carrefour historique, possède un riche patrimoine légué par les Templiers et Hospitaliers du XIIème à 1445, date à laquelle furent érigées les fortifications par le maître maçon Déodat Alaus pour protéger les habitants des incursions des « routiers » pendant la guerre de 100 ans. Ces fortifications viennent de connaître une importante réhabilitation nécessitant 12 ans de travaux et couronnée de deux prix.
Après un exposé général bien mené, notre guide, Sandrine, nous fait visiter une partie de l’enceinte fortifiée. Nous commençons la visite par la seule tour abaissée au cours des guerres de religion qui est restée en l’état. L’architecture intérieure en voutes d’arrête est remarquable et particulièrement bien mise en valeur. Nous montons ensuite sur le chemin de ronde, largement rénové, où une pluie diluvienne nous attend. Nous quittons le chemin de ronde par un escalier donnant dans une grande maison adossée au rempart dont les fouilles ont mis en évidence une structure identique à celle des bergeries caussenardes. Les rues magnifiquement pavées nous conduisent devant quelques unes de ces maisons caussenardes typiques. Ce sera ensuite la visite de l’église du XVIIIe et c’est vers midi que nous reprenons le car pour nous rendre à Sainte-Eulalie où nous attend un pantagruélique repas chez Monsieur Viala.
Sainte Eulalie de Cernon
Le repas
Typiquement aveyronnais :
Une salade verte au roquefort et farçous
L'agneau à la braise de Simone et l'aligot de M. Viala
Le dessert avec la Flaune...
LES RECETTES
RECETTE DU FARCOU
Temps de préparation : 25 minutes
Temps de cuisson : 3 minutes
Ingrédients (pour 30 pièces) : - 5 ou 6 blettes (juste la partie verte)
- 100 g chair à saucisse
- 2 tranches de lard fumé (ou 75 g de lardons)
- 1/4 de bouquet de persil
- 1/2 oignon
- 2 gousses d'ail
- 1 gros quignon de pain sec
- 10 cl de lait
- 1 cuillère à soupe de farine
- 4 œufs
Préparation de la recette :
Hacher l'oignon, l'ail, le persil, le lard et la chair à saucisse et mélanger le tout dans une terrine.
Tremper quelques minutes le pain dans le lait afin d'obtenir une consistance homogène et l'ajouter au mélange en émiettant le pain.
Faire cuire les blettes et en retirer le vert. Le hacher finement et l'ajouter également.
Ajouter ensuite les œufs et la farine. La pâte doit avoir la consistance d'une pâte à beignets.
Prélever une grosse cuillère à soupe de la préparation et la faire frire dans un mélange d'huile d'olive et d'huile de tournesol, 1 à 2 minutes par face.
(Il est possible de rajouter les blancs de blettes ou encore des restes de viande, après avoir haché le tout)
RECETTE DE LA FLAUNE
Temps de préparation : 30 minutes
Temps de cuisson : 60 minutes
Ingrédients (pour 6 personnes) : Pour la pâte:
- 200 g de farine tamisée
- 100 g de beurre
- 100 g de sucre semoule
- 1 œuf
- 1 pincée de sel
- 1/2 gousse de vanille (facultatif)
Pour la garniture :
- 400 g de brousse de brebis
- 100 g de sucre glace
- 2 cuillères à soupe de crème fraîche
- 2 gros œufs ou 3 petits
- 1 cuillère à soupe d'eau de fleur d'oranger
Préparation de la recette :
Préparer la pâte sablée : mélanger rapîdement tous les ingrédients: farine, beurre, sucre, œufs, sel (moins elle est travaillée, plus la pâte s'étale facilement).
Ouvrir la gousse de vanille dans le sens de la longueur et faire tomber les graines avec la pointe d'un couteau. Mélanger.
Beurrer et fariner un moule à manquer. Laisser reposer la pâte une vingtaine de minutes dans le réfrigérateur.
Dans une terrine, mélanger les œufs, la brousse, la crème fraîche et le sucre glace. Parfumer à la fleur d'oranger.
Froncer la pâte au fond du moule et faire remonter sur les bords. Verser la garniture.
Enfourner à four moyen (thermostat 5-6, entre 150 et 180°C) 50 mn à 1 heure.
Servir frais.
La visite avec notre guide Armel
Armel nous apprend qu’au Moyen Âge, la région dépendait de l’abbaye bénédictine de Gellone.
En 1158, Raymond Béranger, roi d’Aragon et comte de Barcelone, donne à Élie de Monbrun, maître du Temple en Rouergue, la ville de Sainte-Eulalie, et la terre dite "Larzac" qui l’entoure.
À partir de Sainte-Eulalie, les Templiers organisent le territoire du Larzac, et construisent à Sainte-Eulalie une grande commanderie dont font partie La Cavalerie et La Couvertoirade. Structurant l’espace agricole, la Commanderie deviendra une des plus puissantes du sud de la France, participant alors au financement des activités des Templiers en Palestine.
Le château, de forme carrée, dans lequel vivait le Commandeur, n’ouvrait sur l’extérieur que par une porte en ogive qui garde dans sa partie supérieur un assommoir. La chapelle, aujourd’hui église paroissiale s’ouvrait sur la cour du château. Cette porte est aujourd’hui murée.
À la fin de l’ordre du Temple, la ville passe sous domination hospitalière (1312).
En 1377, pendant la nuit du 11 juillet, François de Roquefeuil, un seigneur voisin issu de la puissante Maison de Roquefeuil, incendie le château et pille la ville.
De 1442 à 1450, les remparts de la ville sont alors construits par Déodat Alaus.
En 1575, la ville est pillée par les protestants lors des guerres de religion.
À la Renaissance, la ville s’embellit : le château devient villégiature des Commandeurs comme Jean-Antoine Riqueti de Mirabeau, oncle du fameux tribun révolutionnaire, se pare de fresques remarquables dans une pièce qui s’ouvre sur le bureau du Commandeur. L’immense salle capitulaire est divisée en deux par la création d’un plancher. La place du village est réaménagée avec la construction d’une fontaine monumentale entourée de quatre platanes majestueux. L’accès à l’église est inversé et le cœur est percé d’un portail baroque.
A la Révolution, le château vendu par lots est très dégradé. Peu après la Révolution, la ville est rebaptisée Sainte-Eulalie-de-Cernon, nom qu’elle conservera jusqu’à aujourd’hui.
Depuis 1970, les lots de la commanderie vendus aux enchères à la Révolution sont réunis à nouveau.
La visite
La Couvertoirade
Nous disposons de 45 minutes pour la visite libre de la Couvertoirade dont les remparts et les tours sont visibles de loin. Le nom de Cubertoirata apparaît dès le XIe siècle lors de la délimitation des territoires appartenant à l’abbaye de Gellone, L’histoire du village est voisine de celle de Saint-Eulalie mais moins tourmentée car ce lieu est plus éloignée des grandes voies de communication.
La Couvertoirade constitue dès l’origine pour les Templiers un centre d’exploitation agricole. Sur ces terres, ils font cultiver aux paysans des céréales, élever des chevaux (pour la guerre) et des ovins (pour la viande, les peaux, le lait). Un bourg se développe autour du château, encore visible de nos jours.
En 1312, l’ordre du Temple est dissous. L’ensemble de leurs biens revient aux Hospitaliers qui deviennent les nouveaux maîtres de La Couvertoirade. La bourgade compte 135 feux en 1328, soit environ 800 personnes.
Toujours en raison de la crainte des routiers, au milieu du XIVe siècle, les habitants finissent par faire fortifier le bourg de 1439 à 1445. C’est encore Déodat Alaux, maître maçon de Saint-Beauzély, qui est chargé d'exécuter ces travaux.
À ce siècle de fléaux succède un siècle de repeuplement et de reconstruction dont témoignent de nombreuses maisons ayant conservé des éléments de la fin du XVe au début du XVIe siècle.
En 1562, au début des guerres de religion, les Huguenots tentent de prendre la cité - en vain. En 1702 les habitants s’arment et restaurent les portes par crainte des Camisards, mais le bourg ne sera plus jamais attaqué.
Malgré les épidémies et les disettes s’instaure une certaine prospérité. En 1768 le bourg est érigé en commanderie indépendante, octroyée au chevalier Riquetti, baron de Mirabeau, déjà commandeur de Sainte-Eulalie. La Révolution confisquera bientôt toutes les possessions hospitalières qui reviendront aux paysans. Au XIXe siècle, la commune est touchée par l’exode rural mais maintient son activité économique agricole. Puis, à partir des dernières décennies du XXe siècle, la commune exploitera aussi son passé templier à des fins touristiques.
Le beau temps étant de retour, nous pouvons déambuler dans les rues. Le tour de ville est vite fait. Nous avons le temps de nous intéresser aux remparts, aux tours de défense, à l’église et à son cimetière attenant, aux vestiges du château, au four banal. Nous avons regretté que les bars soient fermés.
A 20 h précises, nous étions de retour à la gare routière.