Vendredi 4 et samedi 5 novembre 2016
Albi : un carrousel de couleurs
Voyage accompagné par Chantal LABORDE et Danièle FAVEREAU
Commentaires et photos : Marie-Claude MAXANT
Vendredi 4 novembre
6h45, départ de Montpellier, nous roulons vers Albi que nous rejoindrons après deux arrêts à Saint-Juéry et Carmaux.
Le paysage, dans une légère brume, particulièrement beau dès que nous atteignons les contreforts de la montagne, a ce matin un petit côté féerique.
Arrivée à Saint-Juéry où nous allons visiter l'ancienne centrale hydraulique et le "Musée du Saut-du-Tarn".
Ici le Tarn fait une chute naturelle de près de 20 mètres qui fournit une force hydraulique considérable.
A la fin du 18ème siècle le marquis de Solages découvre une mine de fer à environ 20 kilomètres de Saint-Juéry. La proximité de force hydraulique et de minerai de charbon seront à l'origine de l'implantation industrielle qui connaîtra des périodes de forte production et de crises (trois guerres, problèmes syndicaux, concurrence) pour fermer définitivement en Avril 1984.
Elle produisait de l'acier, (parfois en quantité insuffisante), à la base d'outils comme faux, faucilles, haches, limes, ressorts de voitures ; les pelles et les pioches avaient alors un grand débouché dans les colonies africaines.
La visite du Musée est très intéressante, de nombreuses maquettes animées expliquent certaines étapes de fabrication.
Poste du martinet à fer, actionné par une roue à aube, elle même entraînée par la force de l'eau.
Poste pour la fabrication de limes
Maquette d'un haut fourneau
On parlera de la dureté du travail, des salles où se côtoient une cinquantaine de postes dans le bruit, la poussière, le froid ou la chaleur extrêmes. On évoquera la condition des ouvrières "si dociles" et l'inhumanité du travail de très jeunes enfants.
C'est la pause de midi au restaurant "La flambée"
Nous reprenons la route pour Carmaux où nous visiterons le "Musée et Centre d'Art du verre".
En 1751, ayant obtenu de Louis xv un privilège royal, le "Chevalier de Solages" fait construire une verrerie sur son domaine de Carmaux. Il reçoit en concession les mines de houille proches permettant de faire fonctionner la verrerie.
Elle emploiera jusqu’à 800 ouvriers en1882.
Ces activités verrières continueront avec la "compagnie de Carmaux" jusqu'au 20ème siècle
L'exposition est non seulement très intéressante mais le cadre, les lumières mettent toutes les œuvres en valeur.
On admirera quelques témoins de la période gréco-romaine et moyenâgeuse.
Des verreries utilitaires.
Et des réalisations contemporaines.
(une biennale rassemble des verriers venus du monde entier).
Nous gagnons l'atelier installé dans l'ancienne chapelle pour voir les verriers à l'ouvrage.
...et reprenons le car pour Albi et notre hôtel.
Samedi 5 novembre
La cité épiscopale d'Albi est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Elle comprend la cathédrale Sainte-Cécile, le Palais épiscopal la Berbie qui abrite le Musée Toulouse-Lautrec, l'église Saint-Salvi et son cloître, les rives du Tarn, le pont Vieux, ainsi que plusieurs édifices classés monuments historiques.
L'Art Roman et l'Art Gothique se mêlent dans des tons ocres.
Nous partons pour le Palais épiscopal la Berbie.
Berbie vient de l'Occitan "bisbe" qui signifie évêque.
Dans la seconde moitié du 13ème siècle les évêques d'Albi entreprennent la construction du palais épiscopal, véritable forteresse témoin de la puissance passée de cet épiscopat.
Son architecture médiévale, dotée de murs d'une extraordinaire hauteur et épaisseur (5 à 7 mètres) s'organise autour d'une cour d'honneur et d'un donjon.
Les prélats qui se succèdent de la Renaissance au 18ème siècle l'agrandissent et le transforment en palais d'agrément avec des salons d'apparat et des jardins à la française.
Il domine le Tarn enjambé par le pont Vieux (qui date de 1035 et a résisté à ses crues souvent dévastatrices) et le pont Neuf.
Puis visite du Musée Toulouse-Lautrec .
La mère du peintre ayant fait don à la municipalité de ses œuvres, celles-ci sont exposées en 1922 au palais la Berbie. La scénographie, remaniée en 2012, leur offre un très beau cadre.
(les photos étant interdites les documents sont d'après cartes postales).
Le Musée retrace le parcours de l'artiste, de ses premières compositions sur les chevaux jusqu’à sa dernière toile "examen à la faculté de Paris" en passant par des œuvres majeures.
Henri de Toulouse-Lautrec est né le 24 Novembre 1864 à Albi.
Vers 10 ans sa maladie se révèle et stoppe la croissance de ses jambes.
Sa mère, séparée de son père, et son oncle, le soutiendront dans son désir de peindre. Il croquera et peindra beaucoup la bohème parisienne, la vie des théâtres, des cabarets, des maisons closes. Souffrant lui-même il saura faire transparaître la détresse sous-jacente dans beaucoup de ses sujets.
Ses provocations, son exhibitionnisme, cachent pour ceux qui le connaissent sa fragilité et sa sensibilité.
On ressent à travers beaucoup de toiles l'empathie, le respect, qu'il pouvait avoir pour ses modèles lorsqu'ils étaient, comme lui, malmenés, angoissés par la vie, et beaucoup le lui rendaient bien.
L'alcool, la syphilis achèveront de le briser, il s'éteindra le 9 Septembre 1901 à Saint André des Bois.
Retour à l'hôtel pour le déjeuner.
Nous repartons pour visiter les vieux quartiers.
Ils sont riches en rues médiévales. La "Maison du vieil Alby" est une maison albigeoise typique ; reconstruite à l'identique on y trouve colombages, encorbellements, et le "soleihou" grenier ouvert où l'on faisait sécher entre autre le pastel.
Le pastel venu d'Orient est utilisé dès la 12ème siècle comme teinture.
Ses feuilles, broyées, fermentées, et préparées, sont mises sous forme de gâteau appelé "coque". De très bonne qualité cet "or bleu" sera vendu dans toute l'Europe et fera d'Albi au 15ème siècle la capitale de ce commerce international.
De ce fait de riches Albigeois font construire de très beaux hôtels particuliers que l'on peut encore admirer.
Cependant l'arrivée de l'indigo en 1561 plus riche en colorant et plus facile à produire lui sera fatal.
Nous passons devant la maison des Toulouse-Lautrec et du célèbre navigateur et explorateur JF de Galaup, comte de La Pérouse.
Puis nous dirigeons nos pas vers la cathédrale Sainte-Cécile.
Elle est édifiée entre le 13ème et le 16ème siècle par les évêques d'Albi, devenus seigneurs d'Albi, après la croisade contre les Albigeois.
Elle sera élevée au rang de Basilique en 1948.
Chef d'œuvre du gothique méridional grâce à son architecture unique de brique, elle surprend par le contraste entre son allure extérieure austère de forteresse militaire et son décor intérieur.
28 chapelles longent les murs dont celle de Sainte Cécile patronne des musiciens.
Les fresques des voûtes (début du 16ème siècle), riches en couleurs où domine le bleu roi est l'ensemble de peintures Renaissance italienne le plus vaste de France.
Le chœur de Sainte-Cécile a par miracle conservé son jubé ; c'est "une église dans l'église", une dentelle de pierre que la frise des anges et les apôtres ponctuent de statues polychromes.
Nous nous attardons devant les peintures du jugement dernier qui devaient faire frémir de crainte nos ancêtres.
La statuaire qui longe le chœur, a gardé sa polychromie d'origine.
On est frappé par la diversité des physionomies, des attitudes ; les costumes suivent la mode avec des draperies aux plis profonds.
Bijoux, cordelières, fourrures sont réalisés avec le plus grand soin dans le détail.
Sortant de Sainte Cécile nous nous arrêtons au cloître de Saint-Salvi .
Il est temps de regagner le car où Guy nous attend ; merci à tous ceux qui ont participé à nous rendre ces journées si agréables et, nous espérons, à bientôt pour de nouvelles découvertes.